Lisa Biard, l’accordéoniste de « Casse-Noisette »
La dernière production du Ballet Béjart a mis une accordéoniste à l’honneur. Nous vous proposons de faire connaissance avec Lisa Biard !
Lisa, vous étiez l’accordéoniste de « Casse-Noisette », qui était le ballet présenté par le Béjart Ballet Lausanne, à Beaulieu, en décembre dernier. Pouvez-vous nous décrire en quelques mots votre rôle dans le ballet ?
Dans le ballet j’interprète le rôle de la Marraine-Fée musicienne du jeune Bim (qui est Maurice Béjart enfant). Le soir de Noël, à l’aide de différents personnages clés (Marius Petipa, Félix le Chat, sa mère, sa Marraine), ses émotions, ses souvenirs, prennent vie.
Parmi eux, je suis là pour faire vivre quelques-uns de ces tableaux, au travers de la musique.
Lors de la création de ce ballet par Maurice Béjart, c’est Yvette Horner qui incarnait la Marraine Fée. Aviez-vous un support vidéo de la version originale ? Avez-vous repris le rôle tel quel ou y a-t-il eu des adaptations ? Quelle était la difficulté d’un rôle comme celui-ci?
Pour ce qui est de la musique, j’avais une bande son, et aucune partition. Il a fallu donc que je retranscrive tout d’oreille et que j’apprenne la base. J’ai pu ensuite adapter quelques passages selon mon ressenti (certaines variations un peu modifiées par exemple) et ai pu proposer aussi d’autres choses musicales qui ont été acceptées.
Pour ce qui est du rôle en lui-même, j’ai visionné le spectacle afin d’avoir une idée des placements, mais tout le reste s’est fait au cours des répétitions. Le but était de bien sûr respecter la chorégraphie originale, mais de développer ou moderniser certains aspects.
Ce fut un gros travail pour moi de devoir incarner un personnage, de devoir penser à tout autre chose que « juste » ma musique. C’était physiquement éprouvant: jouer debout, en talon, avec des grands costumes, valser… et mentalement difficile de devoir incarner et être dans le jeu théâtral.
Avoir un espace bien défini, être assise (vu le poids de notre instrument) et pouvoir se perdre dans notre musique est une place qui me convient parfaitement en temps normal.
Là ce fut tout autre chose à travailler, pour donner de la crédibilité au personnage, surtout entourée de danseurs et danseuses magnifiques qui sont habités par cela.
Comment était le contact avec les danseurs lors des répétitions ?
Le contact a été vraiment facile et émouvant, de par leur simplicité d’être malgré leur art éprouvant et leur niveau. Tous m’ont accueillie, aidée, mise à l’aise. J’ai gardé une amitié avec plusieurs d’entre eux. J’ai beaucoup appris à leur contact, artistiquement et humainement.
Quel a été le moment le plus impressionnant / émouvant de ce projet ?
Le premier moment clé pour moi a été quand j’ai accepté le projet, quand je me suis dit « tu vas le faire, évidemment, c’est une opportunité merveilleuse ». D’un point de vue personnel c’est le premier vrai projet scénique que je fais depuis mon arrêt d’entraînement de 3 ans suite à une opération. Cela n’a pas été évident car j’ai dû mettre en place beaucoup de choses pour y arriver physiquement, mais je ne pouvais pas refuser une telle chance. Dans ce sens, les danseurs ont aussi été bienveillants et de bons conseils.
Émotionnellement parlant, le soir de la première fut un grand moment pour moi. Après des semaines de répétitions et de mise à l’épreuve physique et morale, c’était le moment tant attendu. J’ai vraiment ressenti une énergie nouvelle entre tous, l’envie de profiter au maximum de la scène tout en donnant tout au public.
Ce premier spectacle de la série a vraiment été pour moi porté par quelque chose de nouveau, une nouvelle émotion de scène comme je n’en avais jamais eue.
La concrétisation.
Quel est le meilleur souvenir que vous allez garder de cette production ?
De manière générale le contact avec tous les acteurs du ballet. Les directeurs, les danseurs, les costumiers, les responsables de communication,… Tout le monde si agréable avec moi, si bienveillant… A chaque répétition j’entrais au ballet un peu comme on entre dans une grande maison où l’on se sent bien et tranquille, malgré tout le travail et la pression qu’il y a à l’intérieur.
Quelques mots sur le parcours de Lisa :
Après avoir obtenu son Bachelor of Art in Music en bayan (accordéon classique) et en Direction Instrumentale à la Haute Ecole de Musique de Lausanne, Lisa Biard décroche son Master of Art in Music Pedagogy en juin 2015 après son récital final, en ayant validé avec de très bons résultats notamment son module de pédagogie/didactique ainsi que la soutenance de son mémoire.
Lors de la fin de la première moitié de sa formation, elle avait également obtenu un prix de l’HEMU pour son récital et son travail de Bachelor.
En mai 2013 elle est lauréate de la Bourse de la Fondation Friedl Wald à Bâle.
Active depuis toujours dans différentes formations, elle continue d’écrire, de composer, d’arranger, et de participer à différents projets musicaux (allant du flamenco à la musique balkanique en passant par la musique classique et la pop), en tant que chanteuse, pianiste ou accordéoniste.
Elle fait la création de son projet de composition (chanson à texte, piano voix et bayan) sous le nom de « Bliss ». Des titres sont disponibles online sur YouTube, Facebook, Mx3 et Sound cloud (Bliss Project).
En décembre 2018 elle incarne sur scène un rôle important dans la production du Ballet Béjart de Lausanne « Casse-Noisette ».
Elle enseigne également depuis plusieurs années l’accordéon, le solfège et l’éveil à la musique en Valais et dans le canton de Vaud, et depuis la rentrée 2016-2017 elle enseigne également la musique aux écoles publiques.